• Un autre moment fort partagé avec toi pendant les trois mois d'hospitalisation à temps plein avant ton départ pour le monde invisible à nos yeux.

    Pendant les deux premiers mois de ladite hospitalisation que je passe avec toi nuit et jour (ta tatie de coeur me remplaçe une nuit sur 4 pour que j'aille laver mon linge et ton linge et que je passe une soirée avec ton papa de coeur), on a des conversations sérieuses parce qu'on veut croire à ta guérison (y croyais-tu ?) et qu'on fait des projets.

    On discute de la fête pour tes 25 ans ; je te précise que, ce soir-là, tu seras le maître des lieux et qu'il te faudra t'occuper de tes invités (environ 90).

    C'est là que tu commences à me parler de ta timidité, que ça t'ennuie de ne pas oser t'extérioriser en public, comme danser ce qui se danse seul. "Mais pourquoi ? Personne ne te juge ni ne te regarde. Tu es noyé dans une foule qui ne demande qu'à s'amuser. Lâche-toi."

    Tu as donc décidé d'essayer lors de ta fête d'anniversaire.

    Un jour, surprise qui m'a chamboulée et fait chaud au coeur venant de toi, si réservé.

    Pendant toute la durée de ton hospitalisation, rare est le jour où ton papa de coeur ne vient pas te voir (il doit quelquefois travailler l'après-midi pour cause de congé d'un employé). Sinon, il travaille 7 jours/7 de 7h du matin à midi et demie. Il sort du boulot, passe par la maison récupérer les "bricoles" que je lui ai demandées et se lance vers Marseille (une centaine de kilomètres) sans même prendre le temps de manger un morceau.

    Tu lui dis parfois : "ce n'est pas grave si tu ne viens pas un après-midi. fais attention à toi et repose-toi un peu". Gilbert t'écoute une fois mais pas plus car tu lui manques trop.

    Je lui laisse le fauteuil pour qu'il s'assied près de toi et qu'il puisse lire avec toi le journal et commenter les annonces de vente de voitures puisque vous aviez le projet de changer tous les deux votre véhicule.

    Et un après-midi après notre conversation sur la timidité, tu te tournes vers Gilbert et tu lui dis avec un sourire : "allez, prends ma main". En disant cela, tu glisses ta petite main au milieu de ses deux grosses mains. Vous êtes restés ainsi un long moment.

    Mon coeur a chaviré. Savais-tu déjà que ta cause était perdue ? Avais-tu besoin de sécurité ?

    Je sais que tu aimais beaucoup Gilbert ; tu l'aimais comme un père : as-tu voulu par ce geste le lui dire parce que, par timidité, tu n'osais pas le lui dire oralement ?

    Bref, encore un souvenir qui me noue la gorge et qui me fait monter les larmes aux yeux.







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