• Oui, mon fils, tu le sais, aujourd'hui, j'ai vraiment passé une bonne journée en compagnie de ton papa de coeur et du soleil. Du vent qui a fait dire plusieurs fois à ton papa de coeur "Brrr, il ne fait pas de reste chaud" mais bon... pour moi, c'était parfait.

    Mais avant de te parler de cette journée, je reviens sur les 25 ans de Greg que nous avons fêtés vendredi soir ; ça s'est fait en famille et les copains ne sont pas venus pour le gâteau comme l'année dernière. On a passé une bonne soirée et, ton papa de coeur travaillant le lendemain matin, on est partis vers minuit.

    Samedi matin, Monique et Monmon sont venus me chercher pour aller faire nos commissions chez presque Carrefour où travaille ton papa de coeur. Sais-tu que c'est une vedette maintenant ? Son portrait est affiché sur la façade du magasin et le sera, à partir de mercredi, sur une camionnette qui circulera dans toutes les villes aux alentours de Monteux et sur les grands panneaux publicitaires desdites villes.

    Le midi, je suis allée travailler à la clinique vétérinaire et, au retour à la maison, ton papa de coeur a cuisiné pour qu'on puisse manger le soir après la séance cinéma ; nous avions prévu d'acheter des pizzas mais la pizzeria ouvrait trop tard pour qu'on puisse les récupérer avant d'aller voir le film.

    En parlant du film Invictus, j'ai été surprise qu'il me prenne aux tripes à ce point ; moi qui n'aime ni la politique ni trop le rugby (sauf quand je le regardais avec toi), je croyais m'embêter ferme pendant 2h et quart ; et bien, je me suis tellement laissée prendre au jeu que, pendant le match Angleterre/Afrique du Sud qui était le clou du film, j'ai failli me lever pour hurler comme les gens qui étaient dans les tribunes du film. Et toi, mon fils, t'aurai hoché la tête en disant "ben, t'es encore pas tout à fait finie".

    Nous étions 6 pour le petit repas qui a suivi ; nous avons blagué jusqu'à minuit passé et après le départ des amis, j'ai rangé la cuisine et mis une lessive de linge en route que je ne voulais pas laisser chiffonner toute la nuit dans le tambour. Pour attendre le moment de l'étendre, j'ai fini le livre Laetitia, une aventure médiumnique. Aujourd'hui, j'ai convaincu ton papa de coeur de le lire parce que je pense que ça pourra l'aider à traverser certaines douleurs comme ça m'aide moi. Je me suis couchée vers 3h30 du matin (l'heure à laquelle tu me réveilles d'habitude, Fab).

    Ce matin, grasse matinée jusqu'à 9h mais en fait, ça ne fait pas beaucoup de temps de sommeil. Pas grave, cette semaine, mon patron étant en congés, je n'ai pas à aller faire le ménage à son domicile. Après m'être préparée, j'ai trainaillé sur l'ordinateur et, par deux fois, l'écran est devenu noir puis s'est rallumé (petits clins d'oeil, mon fils ? Merci). Vers 11h30, nous sommes partis pour le cimetière faire une petite visite à ton monument et aux fleurs qu'il faut entretenir (non, non, pas à toi puisque tu n'es pas là-bas). Après cela, direction Boulbon où se niche un petit restaurant La Bergerie de Manon (non, non, je ne fais pas de pub mais si vous avez l'occasion, n'hésitez pas : on y mange bien dans un beau cadre).


    En sortant du restaurant, nous nous sommes dirigés vers Fontaine de Vaucluse : on est montés jusqu'en haut pour y voir ce gouffre, la plupart du temps à sec, plein, plein, plein. Depuis 1982 que je suis dans le Vaucluse, c'est la deuxième fois que je le vois ainsi.

    Bouh... ça creuse, la marche en ascension. Alors, pour reprendre des forces sur le chemin de la descente, je me suis offert un chichi au sucre dont j'avais grande envie depuis que notre amie Marie-Hélène nous promet d'en faire. Pas cool, hein, Fab ? M'en fous, ma cop' Patricia va dire que j'ai eu bien raison de me faire plaisir et puis, à partir de maintenant, je suis sage jusqu'à samedi soir prochain (et oui, on va à la soirée Saint Valentin avec ta tata Evelyne et ton tonton Didier).

    En parlant de tonton Didier, c'est demain qu'il rentre à l'hôpital pour y être opéré au laser des tumeurs cancéreuses qui ont récidivé dans sa gorge. Je l'ai eu en ligne hier : il est confiant.

    Lors de la soirée d'anniversaire de Greg, on a lancé la proposition d'aller voir l'opéra rock Mozart à Montpellier fin mai : j'ai dit oui et j'attends la confirmation de la date. Ton papa de coeur n'est pas intéressé ; j'irai donc seule avec sa soeur, ses nièces et des ami(e)s.

    Comme je le disais au début, j'ai passé une très bonne journée en compagnie de ton papa de coeur ; on a parlé de toi, bien sûr, et du fait que ta présence nous manque, à l'un autant qu'à l'autre. Je l'ai suivi avec plaisir dans ce moment détente mais évidemment que je te suis aussi sans problème...



     

     

     

     


    6 commentaires
  • Aujourd'hui, le temps est à la pluie, mon fils. La météo ne s'était pas trompée. C'est la fête à la grenouille et toi, tu n'aimais pas la pluie. Il te fallait du soleil, du soleil. C'est une des raisons qui t'a fait revenir ici après 1 an chez ton père du côté de Paris et de la Marne : le Nooooord, disais-tu. D'après toi, dès qu'on passe au-dessus de Montélimar, on est dans le Nord.

    En début de semaine, je suis allée à la pharmacie et j'ai rencontré un de tes amis, Jason ; sa maman est en train de se battre contre un cancer. Et puis, mercredi soir, je suis partie travailler à pied ; plongée dans mes pensées, j'ai loupé la petite allée à gauche et j'ai donc continué pour traverser le parking d'ED ; devant la porte d'entrée, j'ai rencontré ton amie Coralie et on a discuté deux minutes.

    Il y a un peu plus d'une heure que je suis rentrée de mon nouveau travail chez le comptable de mon patron vétérinaire ; j'ai fait deux heures de ménage et j'ai signé un contrat à durée indéterminée avec essai d'un mois. On verra bien mais bon... ça devrait le faire. A qui le tour ? Il me reste le samedi matin car je garde précieusement le dimanche pour une grasse matinée. Non, je blague mais je veux dire que c'est bizarre : avant ta maladie, je cherchais un travail complémentaire à celui de la clinique vétérinaire et je n'en trouvais pas ; en ce moment, j'en refuse... pour raison de trop de distance de chez moi et parce que l'emploi du temps n'est pas élastique.

    Ce soir, nous sommes invités chez Irène et Patrick pour les 25 ans de leur fils Grégory (Greg pour les intimes). Je crains un peu le moment où ses copains vont sûrement débarquer pour partager le gâteau mais bon... je prépare ma tête depuis que je sais que nous sommes invités. 25 ans... tu es parti à 8 jours de les avoir. "ça suffit, maman". "bon, ça va, mon fils, je change d'orientation dans ma tête. du positif, du positif..."

    Demain dans la soirée, nous allons en bande voir le film Invictus

    et après, nous rentrerons, tous qui voudront, à la maison pour une pizza party. Le lendemain matin, ton papa de coeur peut dormir puisque c'est son dimanche de repos.

    Voilà, mon fils, je vais aller nettoyer l'insert pour pouvoir allumer vite la cheminée sinon ton papa de coeur va me maudire ; les fenêtres de notre chambre et de la cuisine sont grandes ouvertes depuis mon retour pour aérer.

    Ah si, hier soir, quand j'ai réglé mon réveil pour ce matin, la radio d'alarme s'est mise en route sur cette chanson

    juste quand Jojo (le chanteur préféré de ton papa de coeur et que j'aime bien aussi) disait "quelqu'un te dit je t'aime". Ah, ces hasards qui ne sont plus des hasards pour moi...

    Moi aussi, mon fils,...

     

     

     

     

     

     

     

     


    1 commentaire
  • 17 mois aujourd'hui, mon bébé ; 17 mois à "ramer" sur cette terre pour avancer sans te voir, sans entendre tes rires ou tes râleries.

    Des fois, quand la douleur est trop forte, je m'acharne à t'imaginer vivant au loin sur cette terre ; mais non, je retombe systématiquement dans la réalité : tu vis bien ailleurs mais pas sur cette terre.

    Tu viens de temps en temps me rendre visite parce qu'encore une fois, dans la nuit de dimanche à lundi, mes yeux se sont grand ouverts et il était 3h31 à mon réveil ; pourquoi le 1 ? Les 3 pour que je pense de suite à toi mais aussi le 1 peut-être pour que je pense à ta cousine Annie qui t'a précédé un premier du mois de juillet 2007. Et on était le 1er février quand je me suis réveillée ainsi.

    Ce matin, je suis allée travailler au domicile de mon patron ; son comptable, qui dîne régulièrement chez lui, lui demande si j'accepterais d'aller faire du ménage chez lui : 2 heures par semaine dans l'immédiat et à 200m de chez nous. Pourquoi pas ? Je vais l'appeler entre midi et 14h pour une rencontre et voir si on fait affaire.

    Ton papa de coeur n'est pas très enthousiaste mais bon, me bouger autant m'aide à fuir devant le trop de pensées douloureuses qui me taraudent dès que je suis au repos. Pour l'instant, c'est Ma solution... parce que je ne veux pas retourner voir le généraliste et retomber dans le piège des antidépresseurs. Il faut que j'assume et cela, jusqu'au jour d'aller te rejoindre.

    Si tu savais, mon fils,... mais tu sais puisque tu lis mes pensées.

     

    Il faut compenser l'absence par le souvenir.

    La mémoire est le miroir où nous regardons les absents.


    Joseph Joubert

     

     

     

     

     

     

     

     


    4 commentaires
  • La lente mort des choses me parle discrètement de la mienne. J'y pense. J'y pense sans trop d'effroi. Mourir, c'est aussi naturel que vivre. Je voudrais même que ma mort soit aussi joyeuse que le fut ma vie. Pourquoi pas, après tout? Comme disait Michel Audiard : " La mort, on est fait pour ça ! " Une naissance, c'est une condamnation à mort. Le temps de vivre n'est qu'un sursis. On meurt un peu chaque jour, assassiné par la vie et " chaque instant de la vie est un pas vers la mort."

    Toutes les heures blessent, la dernière tue.

    Mais faut-il vivre tristes pour ça? Au contraire, c'est justement parce que la vie est brève qu'il faut la goûter au maximum et à l'optimum. Il faut prendre la mort par le bon bout, c'est tout. Moi, j'y pense. Je ne pense pas qu'à elle, mais j'y pense. J'ai déjà vécu beaucoup plus que la moitié de ma vie; je sais que je suis sur l'autre versant des cîmes et que j'ai plus de passé que d'avenir. Alors j'ai sagement apprivoisé l'idée de ma mort. Je l' ai domestiquée et j'en ai fait ma compagne si quotidienne qu'elle ne m' effraie plus, ou presque. Au contraire, elle va jusqu'à m'inspirer des pensées de joie. On dirait que la mort m'apprend à vivre. Si bien que j'en suis venu à penser que la vraie mort, ce n'est pas mourir, c'est perdre sa raison de vivre. Et bientôt, quand ce sera mon tour de monter derrière les étoiles, et de passer de l'autre côté du mystère, je saurai alors quelle était ma raison de vivre. Pas avant. Mourir, c'est savoir, enfin !

    Car la mort n'est que la porte noire qui s'ouvre sur la lumière. La tombe est un berceau. Mourir au monde, c'est naître à l'éternité. C'est passer du monde des ombres qu'est notre séjour terrestre à celui des réalités. Un comédien a dit : " La mort, ce n'est pas si tragique que ça : ce n'est que le premier rideau. après, il y a le deuxième acte ". Chaque mortel qui finit est un immortel qui commence.

    Mais pour envisager la mort avec sérénité, il faut croire à quelque chose après. Tout est là. Ou, à tout le moins, espérer quelque chose. Car la mort n'a pas de sens si tout finit avec elle. Ça serait trop bête. On n'existe pas pour rien, ça me paraît absurde. Et l'absurde n'existe pas ailleurs que dans nos petites têtes trop faibles pour comprendre. Il n'y a pas d'être sans raison d'être, ça c'est certain. Voltaire lui-même ne pouvait pas voir une horloge sans penser à l'horloger. On peut ne pas avoir la foi - parce que c'est un mystère -, mais on ne peut pas ne pas avoir l'espérance.

    Sans l'espérance, non seulement la mort n'a plus de sens, mais la vie non plus n' en a pas.

    La plus jolie chose que j'ai lue sur la mort, c'est Victor Hugo qui l'a écrite. C'est un admirable chant d'espérance en même temps qu'un poème d' immortalité.


    " Je dis que le tombeau qui sur la mort se ferme

    Ouvre le firmament,

    Et que ce qu'ici bas nous prenons pour le terme

    Est le commencement."

    Doris Lussier

    Tu le sais, mon fils, mon espérance à moi, c'est de te retrouver... Je t'aime.

     


    votre commentaire