• Un mois de plus dans ma vie et un mois de moins à attendre pour te rejoindre.

    31 mars : aujourd'hui, c'est l'anniversaire de ton cousin Jean-Luc et celui de Georges, mon beau-frère : veux-tu lui souhaiter un bon anniversaire de notre part, toi qui es maintenant dans le même monde que lui ?

    Avant hier après-midi, alors que je lisais un article sur internet, l'ordinateur a "cligné des yeux" par deux fois : merci, fils, de me dire que tu es là.

    Hier matin, j'ai pété un boulon au boulot ; la veille, j'ai terminé à presque 20h45 parce que le bordel complet : après avoir bossé le week-end pour cause de garde, trop, c'est trop ! J'ai dit à mon patron en avoir marre et plus que marre d'être une mule (il appelle comme ça les gens qui font et refont sans cesse le ménage : charmant, non ?) et que pour la peine, je prends mes congés à partir de samedi qui vient ; et je serai absente 2 semaines pleines, tant à la clinique vétérinaire qu'à son domicile. D'habitude, je ne pars pas plus d'une semaine et la clinique n'a pas le temps de devenir trop sale ; là, il s'inquiète parce qu'il va avoir affaire à ma remplaçante à qui, si l'on dit "et les coins, tu les nettoies ?", elle répond "les coins ? c'est quoi ça ?". Quand je suis allée travailler hier soir, lui et son associée ont été charmants avec moi : va savoir pourquoi... Je suis donc en congés du samedi 3 à 14h au lundi 19 avril à 18h. Yeeeeeeeees.

    Du coup, ça s'est mieux passé l'après-midi chez la psy à qui j'ai expliqué m'être soulagée (ça faisait un moment que ça couvait) ; mieux passé tant que je n'ai pas parlé de toi, Fab, parce que dès que j'ai entamé un dialogue à ton sujet, il m'a fallu sortir les kleenex. Elle m'a demandé si je me pose des questions à ton sujet. "Quelles questions ?" "Pourquoi lui, par exemple ?" Oui et non, je me la pose, celle-là. Non, parce que personne n'a de réponse à me donner donc stérile. Oui, parce que pourquoi toi tranquille, posé, courageux, adorable, plutôt qu'un de ces voyous qui vole, qui tue, qui viole, qui insulte, qui vit aux crochets de la société... Je pense que je comprendrai tout ça quand je te rejoindrai, du moins c'est ce que disent les livres.

    Et puis, en rentrant, Georges nous attendait à la porte : ton papa de coeur et lui sont allés chez le pizzaïolo de Sorgues qui leur fait cadeau d'un chien de chasse de quelques mois. Sympa. Parce que je ne t'ai pas dit, mon fils, que les deux chiens de chasse qu'ils avaient l'année dernière se sont échappés de chez Georges et qu'ils n'en ont retrouvé qu'un à la SPA de l'Isle sur la Sorgue. La femelle a très certainement été enlevée. Ils sont bien partis, tous les deux, pour avoir une meute à la prochaine saison de chasse, non ? ;)

    En m'emmenant travailler, ton papa de coeur a fait un détour par le cimetière. La primevère dont je t'ai parlé l'autre jour a été déposée par Nathalie, la fille de Bernadette. Monique, par contre, a porté, elle, une belle branche de mimosa pour le vase.

    De suite, ton papa de coeur est parti chez Renault récupérer la voiture sur laquelle il a fait poser quatre pneus neufs et par la même occasion, il a fait contrôler le parallélisme. Et oui, mon fils, y'a de la route à faire bientôt (Carcassonne, Paris,...). Tu te tiens prêt, dis ?

    Et puis, je te fais lire un texte que m'a envoyé une amie de Cancer Deuil Soutien à qui j'avais dit avoir peur que l'on ne t'oublie, peur existant, je pense, chez tous les parents désenfantés :

    La perte d'un enfant =  c'est quelque part le vécu des rescapés des camps de la mort.

    La mort d’un enfant est en effet l’expérience la plus terrible que peuvent vivre des parents. Une épreuve qui atteint la chair de leur chair, contre l’ordre chronologique du temps et des générations (« c’était à moi de partir », disent les grands-parents), et sur laquelle on a du mal à mettre des mots. Et ils ont le sentiment qu’ils ne pourront jamais la partager avec d’autres, y compris, souvent, avec ceux qui leur sont proches. Et «les autres », de leur côté, n’osent pas leur en parler.

    Ce dont souffrent les parents, en plus de l’absence, c’est de ce silence, car ils ont très peur que leur enfant soit oublié. « L’entourage, insiste Nadine Beauthéac, ne mesure pas ce que vivent au quotidien ces parents, dans quel état d’épuisement physique et psychologique ils sont. Les parents en deuil soulèvent l’Himalaya tous les matins." Au bout d’un an ou deux, la plupart, commencent à peine à sortir du choc.  « Faire le deuil d’un enfant, c’est long, très long, répète-t-elle. On est agité par des sentiments très complexes : on s’attend à n’éprouver que du chagrin, mais derrière le paravent du chagrin il y a la colère, et derrière encore la culpabilité. Ces émotions, il faut que les parents en deuil aient le temps de les repérer (on étouffe par exemple sa colère contre le défunt pendant des années), de les vivre, de les traverser… Il s’agit d’un travail lent et difficile. » Un travail qui peut se faire seul, mais aussi et de plus en plus avec l’aide des autres. « Ce qui peut permettre d’aller plus vite, souligne Nadine Beauthéac. Car il est terrible de se dire que des souffrances ont pu se taire si longtemps."

    La vie peut se poursuivre autrement.

    L’enfant mort reste présent. Il est inscrit à jamais dans l’histoire de ses parents, de sa famille. Il n’est bien sûr pas question de l’oublier. Mais plutôt, pour chacun, de le faire vivre intérieurement, après avoir reconnu la réalité de son absence et des émotions ressenties. Voici quelques conseils pour affronter ce passage :
    – Accepter de pleurer, même longtemps après le décès, seul ou à plusieurs éprouver cette alternance incontrôlable de tristesse et de mieux-être.
    – Vivre cette ambivalence : du passé, mais oser se projeter sans culpabilité vers la vie qui continue.
    – Évoquer avec ceux qui l’ont connu – ou pas – son souvenir, ses qualités, les moments heureux ou difficiles vécus avec cet enfant.
    – Admettre que le parcours du deuil soit une épreuve individuelle, inconnue, sans modèle, que personne d’autre ne peut prendre sur ses épaules.
    – Tenter peut-être de donner un sens à ce qui n’en a pas en s’engageant par exemple dans une activité bénévole, associative.
    – Reconnaître que cette expérience nous rend différents de ce que nous étions avant, et différents de ceux qui ne l’ont pas vécue.
    – Admettre que, désormais, la vie ne sera plus comme avant, mais qu’elle peut se poursuivre autrement.
    Tout cela participe de ce long travail de deuil, de cicatrisation.

    Des mots, toujours des mots .. et une foule de sentiments qui prend sans cesse à la gorge ..

     

     

     

     

     


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  • J - 11, Fab, pour notre départ à Carcassonne ; tu te tiens prêt ? On recommence une nouvelle semaine bien que je n'ai pas eu l'impression d'en finir une autre ; j'ai travaillé hier soir et je n'ai donc pas eu cette coupure du dimanche qui détermine les semaines. Pas l'habitude... comme ton papa de coeur ou ta tata Isabelle.

    Quand ton papa de coeur est rentré hier midi après sa demi-journée de travail un peu plus dure que d'habitude puisqu'il a dormi une heure de moins à cause du changement horaire, il m'a proposé d'aller faire un tour au cimetière ; mais qu'il est bien fleuri, ton monument ! Les marguerites et les gazanias sont magnifiques. Quelqu'un a rajouté une primevère et je soupçonne Monique, la soeur de ton papa de coeur qui est rentrée de sa croisière.

    Ces derniers temps, je dors d'un sommeil entrecoupé de réveils brusques ; l'autre nuit, j'ai ouvert grands les yeux et, surprise, ai regardé mon réveil : il était 3 heures piles du matin. Hier soir, couchée mais pas envie de dormir ; je regarde le réveil : il était 1H33. Et cela, entre autres. Les 3 jalonnent ma vie, mon fils ; tu dois sentir que j'ai besoin que tu me dises que tu es là, que tu ne nous quittes pas.

    Hier après-midi, nous sommes allés au cinéma voir le film La rafle

    un film qui raconte la descente faite en 1942 par les allemands, aidés par des français, pour emmener des juifs (hommes, femmes et enfants) vers des camps d'extermination.

    Je croyais pleurer à chaudes larmes mais n'en ai pas versé une seule. Je regardais ce film de façon "détachée" ; ces enfants qu'on arrachait à leurs mères n'étaient pas les miens, n'étaient pas toi ou ton frère... Etrange sensation que cette insensibilisation... J'en parlerai mardi à la psy. Si j'y pense, parce que, pour l'instant, dès que je suis devant elle, je ne pense qu'à toi.

    Nous avons quitté les amis à la porte du ciné pour filer à la clinique vétérinaire où le ménage m'attendait.

    Ton papa de coeur expose quelques tableaux, pendant un mois à partir de jeudi, au syndicat d'initiatives de Monteux, ville dans laquelle il travaille ; je vais donc préparer la liste de ces tableaux et je n'aurai plus qu'à ajouter le prix qui leur correspond. C'est sûr que ça ne sera pas cher ; il peint pour le plaisir et, s'il vend un tableau, l'argent est réinvesti dans du matériel pour ses futures créations. Cet après-midi, il va d'ailleurs à son cours de peinture qu'il a "séché" deux semaines consécutives pour cause de travaux dans la maison.

    Gib et moi, comme chez ton tonton Didier et chez ton tonton Hervé, on attend avec impatience la semaine en famille à Carcassonne ; et après, j'attendrai celle que nous passerons à Paris, ton papa de coeur et moi ; et après, pourquoi pas l'Egypte si ta tata Evelyne et ton tonton Didier peuvent partir (licenciements "économiques" dans l'entreprise de ton tonton) ; tu vois, mon fils, je m'emploie à faire des projets pour garder la tête hors de l'eau...

     

     

     

     


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  • Et voilà, mon fils, j'ai commencé le compte à rebours pour notre départ en famille à Carcassonne : J - 14 aujourd'hui. Les jours sont longs tout en étant courts : le temps file mais certains moments dans les journées durent une éternité.

    Et pourtant, je m'occupe. Hier, j'ai fini les marques-places pour la fête d'anniversaire de Marion à laquelle, je l'ai déjà dit, nous n'assisterons pas puisqu'elle a lieu le premier soir de notre séjour à Carcassonne. Pas grave, on pensera à eux tous qui feront la fête. De mon côté, je suis hyper contente car, ce soir là, ton frère sera avec nous pour la semaine de congés.

    Et j'ai aussi réservé l'hôtel pour notre séjour à Paris en mai : pas loin de chez ton frère, bien sûr.

    Ce matin, je suis allée avec Bernadette chez le médecin qui nous suit pour le régime ; j'ai été surprise de savoir que j'avais un peu maigri malgré toutes les friandises que j'avale. Et ton papa de coeur qui me dit : mange ce qui te fait plaisir... On y retourne dans 2 mois.

    Après ça, j'ai ménagé 2 heures chez le comptable ; j'ai mangé un morceau et j'attends ton papa de coeur vers 14h15 : il me mènera ménager 2 autres heures au domicile de mon patron et vers 18h15, j'irai encore ménager à la clinique vétérinaire.

    La clinique est de garde ce week-end, ce qui veut dire que je travaille samedi soir (au lieu du midi) et dimanche soir.

    On va voir si dimanche après-midi, on peut caler la séance de cinéma qu'on a annulée le week-end dernier. Beaucoup d'avis positifs sur ce film La rafle quoiqu'il va falloir prévoir les mouchoirs en papier : mon stock s'épuise.

    Comme moi qui suis épuisée : je pense que le physique suit le moral. Je compte beaucoup sur la semaine de congés pour me remettre sur les rails. Je n'ai même pas la force ni les mots pour répondre aux petits messages de mes amies Kikie et Patricia : ne m'en veuillez pas, les cops, ça va revenir.

    Mardi après-midi, je suis allée chez la psy et j'ai de nouveau beaucoup évacué ; je ne pensais pas avoir bloqué autant de larmes. Devant mon désarroi, elle m'a posé une question : qu'est-ce qui vous ferait plaisir ? Et devine ma réponse ? Tu n'as pas à la deviner puisque tu l'as entendue : que Fabien revienne. Mais tu ne reviendras pas dans l'apparence physique que tu avais. Tu es là, je le sais, mais je ne te vois pas, je ne t'entends pas...

    Minuit se lève en haut des tours
    Les voix se taisent et tout devient aveugle et sourd
    La nuit camoufle pour quelques heures
    La zone sale et les épaves et la laideur

    J'ai pas choisi de naître ici
    Entre l'ignorance et la violence et l'ennui
    J'm'en sortirai, j'me le promets
    Et s'il le faut, j'emploierai des moyens légaux

    Envole-moi {3x}
    Loin de cette fatalité qui colle à ma peau
    Envole-moi {2x}
    Remplis ma tête d'autres horizons, d'autres mots
    Envole-moi

    Pas de question ni rebellion
    Règles du jeu fixées mais les dés sont pipés
    L'hiver est glace, l'été est feu
    Ici, y a jamais de saison pour être mieux

    J'ai pas choisi de vivre ici
    Entre la soumission, la peur ou l'abandon
    J'm'en sortirai, je te le jure
    A coup de livres, je franchirai tous ces murs

    Envole-moi {3x}
    Loin de cette fatalité qui colle à ma peau
    Envole-moi {2x}
    Remplis ma tête d'autres horizons, d'autres mots
    Envole-moi

    Me laisse pas là, emmène-moi, envole-moi
    Croiser d'autres yeux qui ne se résignent pas
    Envole-moi, tire-moi de là
    Montre-moi ces autres vies que je ne sais pas
    Envole-moi {3x}
    Regarde-moi bien, je ne leur ressemble pas
    Me laisse pas là, envole-moi
    Avec ou sans toi, je n'finirai pas comme ça
    Envole-moi, envole-moi, envole-moi...

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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  • Je m'oblige, mon fils, à venir te parler ici ; je suis fatiguée, usée, vidée, envie de rien et marre de tout, de la routine qui me mène sans arrêt au ménage, que ce soit chez moi ou chez les autres...

    A chaque fois que je pense à toi, et c'est souvent, j'ai les tripes qui se nouent et une sensation de malaise dans la poitrine. J'ai envie de hurler... Tu vois, plus de 18 mois après ton départ, ça ne s'arrange pas, au contraire. Le vide que tu as laissé dans ma vie s'intensifie.

    En plus, ton frère n'est pas très bien non plus : fatigué, pas le moral... Et moi, impuissante devant ça à part vouloir lui dire qu'on l'attend dans le sud.

    Dimanche matin, nous sommes allés aux Jardins de Provence et nous avons acheté des fleurs de printemps pour ton monument ; dans la foulée, nous sommes allés au cimetière. Je n'arrive toujours pas à accepter que ce monument, c'est pour TOI que nous l'avons fait faire, parce que tu es parti de ce monde des visibles et que jamais plus...

    Lundi, ton papa de coeur et Georges ont peint le salon, toujours dans les tons chocolat/blanc cassé. Et la montée des escaliers, elle attendra parce que, pour l'instant, y'en a marre des pinceaux et des chantiers.

    Ton tableau a retrouvé sa place, Fab.

    Le soir, malgré mon ras le bolisme, je suis allée faire le ménage à la clinique vétérinaire jusqu'à presque 20h45.

    Et ce matin, debout à 6h et quart pour aller y faire 3 heures de ménage à fond dans les pharmacies, les tiroirs, etc...

    Tout à l'heure, j'ai rendez-vous chez la psy ; je vais lui parler de mon état d'être actuel malgré les cachets qu'elle me donne à prendre chaque soir.

    Une chanson pour TOI, mon fils...

     

     

    sauf que moi, j'étais là pour ton dernier combat et que je n'en ai oublié aucun de ses moments, aucune de tes souffrances.

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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  • Oui, mon fils, je te donne malheureusement du travail : hier matin, tu as dû accueillir la jeune Samantha. Elle est partie tout doucement, aidée par la morphine pour soulager ses douleurs.

    Les nouvelles ne sont pas bonnes du tout non plus pour Dimitri, un garçon de presque 14 ans : le cancer a repris le dessus et se propage vite. Son blog est dans mes liens. Aide-le, Fab, mais aide aussi sa maman parce que, tu sais, c'est pas facile d'être une maman dans ces cas-là.

    Ce matin, je suis allée "ménager" chez le comptable puis en début d'après-midi chez mon patron vétérinaire et dans une demi-heure, j'irai à la clinique vétérinaire. Tout ça entrecoupé de quelques coups de pinceaux pour aider Georges qui a vraiment bien bossé. A part quelques baguettes à poser pour les finitions, la cuisine et l'entrée sont refaites du plafond au sol. Je pense qu'on va attendre un peu avant de faire le salon.

    Chocolat et blanc cassé pour changer des éternels orange et jaune...

    Du changement dans notre espace de vie mais une broutille, celui-là, en rapport de celui qu'il a fallu affronter dans notre mode de vie quand tu es parti de ce monde.

    Demain, journée repassage et ménage entrecoupée par mes 2 heures ménage à la clinique. Et puis, le soir, nous avons du monde à table : Irène, Patrick, Hélène, Christian, Annick, Pascal (notre guide parisien) et Marie-Hélène et Georges qui a bien mérité une soirée cool et sympathique.

    Si on le peut, on ira dimanche après-midi ou soir voir, avec Bernadette, Elie, Marie-Hélène et Georges, le film La rafle. Mais bon, avec la fête du cinéma, je pense que les cinémas vont être bondés et que ce sera dur d'avoir des places. A suivre...

    Je ne m'attarde pas plus, mon fils, car il faut que je me prépare à retourner travailler.

     

     

     

     

     

     

     

     


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