Voilà, mon fils, nous sommes rentrés de congés depuis samedi soir mais je n'arrivais pas à trouver la motivation de venir te parler ici ; comme à chaque retour à la maison, je ressens un grand vide face à ton absence physique. Tu me manques trop, tes passages éclair à la maison me manquent trop, tes "ça va, les vieux ?" accompagnés d'un sourire coquin me manquent trop ; bref, tout en toi me manque.

Aujourd'hui, je "me pousse" pour te faire ce petit mot.

Ah, Venise... c'est très beau, Venise. Qu'est-ce qu'on a marché là-bas ! Les voitures y sont interdites. Des ponts qu'il faut monter et descendre, il y en a à profusion. J'ai aimé aussi les îles de Burano (là où sont rassemblés les verriers qui, à l'époque, déclenchaient involontairement des incendies dans Venise avec leurs équipements pour fabriquer les articles en verre ; c'est pour ça qu'ils ont été déplacés à Burano) et Murano (l'île de la dentelle) ; et puis, sur la route du retour, nous avons fait une petite halte à Padoue et à Vérone.

Un très beau séjour de cinq jours sur un rythme trépidant puisque le réveil sonnait vers 6 heures le matin pour pouvoir faire les visites programmées.

A Venise et à Murano, des bougies brûlent pour toi et pour ta cousine Annie ; quand j'entre dans une église, je ne peux m'empêcher de faire ce geste devant la vierge Marie à qui je demande de prendre soin de vous en attendant que l'on se retrouve.

Nous nous sommes rapprochés de deux couples : l'un vit à Avignon et l'autre à Arles.

A mon retour ici, je suis allée prendre des nouvelles du petit Lucas ; les résultats des examens post greffe sont parfaits. Quel soulagement pour ses parents et pour lui et sa soeur. La route va encore être semée d'embuches pour lui mais le pire est passé.

Ce soir, Irène, Patrick et Marion viennent manger à la maison avant que Marion ne reparte sur Paris pour ses études.

Et samedi soir, c'est Viviane, Jacques, Claire et Jean-Pierre qui passeront la soirée avec nous.

Dimanche après-midi, nous irons très certainement voir Lucien qui expose ses peintures à Séguret. Mercredi, lui et ton papa de coeur exposeront tous les deux leurs peintures au syndicat d'initiatives de Monteux. Ils vont encore avoir droit à un article et une photo dans les journaux.

Tu vois, mon grand, on continue à bouger parce qu'on est certains que c'est ce que tu voudrais.

Ce matin, j'ai eu ton tonton Didier en ligne ; il tousse comme un petit fou depuis plusieurs jours sans mal de gorge ni nez qui coule ; et bien sûr, à quoi on pense ? A son concer du poumon déclaré guéri mais on sait tous les deux qu'avec cette saloperie de maladie, rien n'est sûr et définitif. Il voit sa pneumologue vendredi et en attendant, une boule dans la gorge pour moi.

Aide-moi, mon coeur, à tenir bon pendant la route qu'il me reste à parcourir sur cette terre ; j'en suis à souhaiter qu'elle ne soit pas trop longue.

Et voilà, mon fils, je suis en congés depuis samedi après-midi et ton papa de coeur le sera aujourd'hui à 13h.

Nous sommes à la veille du départ pour Venise ; nous avons rendez-vous avec le car Raoux demain à 6h du matin sur la place de la mairie. Ce soir, comme le frigo est vide, nous allons manger au restaurant chinois d'Orange avec Noëlle et Lucien.

Les amies m'appellent chacune leur tour pour nous souhaiter un bon séjour là-bas et un bon voyage de noces à retardement ; je t'emmène avec nous, mon coeur.

Marie-Hélène m'a téléphoné hier matin et j'étais en pleine crise de larmes ; elle ne comprenait pas pourquoi puisque je suis sur le point de m'évader. Mais voilà, en cherchant une photo de toi sur mon ordi pour l'imprimer, je suis retombée sur les petits mots qu'avaient faits tes amis du jeu World of Warcraft juste après ton départ et je les ai relus. Tu dois leur manquer beaucoup à eux aussi mais pas autant qu'à nous.

Vendredi après-midi, je suis allée voir la diététicienne pour mon histoire de diabète ; il a fallu que je lui annonce mon départ à Venise en voyage organisé et donc, pas le choix de la nourriture dans les restaurants déjà prévus. Je commencerai donc ma façon de manger équilibrée à mon retour et je retourne la voir le 21 du mois prochain.

C'est là qu'elle va "criser" parce qu'il faudra que je lui annonce que le 10 juin, on part une petite semaine en chambre d'hôtes en Alsace et que je n'ai pas l'intention de ne pas goûter leurs spécialités. En plus, le Petit Futé attribue 5 sur 5 à la cuisine du patron.

A mon retour et en attendant le 21 mai, je vais être très sérieuse et faire exactement ce qu'elle m'a dit. Elle ne le fait que pour mon bien mais bon, c'est dur de se priver de tout ce qu'on aime. Plus d'alcool, plus de cigarettes (bon, les deux, ça fait 12 ans) et maintenant privée de chocolat et autres bonnes choses ? Grrrrrr...

En rentrant de congés, j'ai aussi une batterie d'examens à faire, style analyse de sang et urines, échodoplair, fond d'oeil... Mais, ça, ça n'est pas mortel, mon fils.

Le petit Lucas est rentré chez lui après toutes les souffrances qu'il a endurées après son autogreffe de moëlle osseuse. Aujourd'hui, il va, comme toi à l'époque, à l'hôpital pour une transfusion de rouges et de plaquettes. Et puis, cette semaine, il va faire son gros bilan après greffe. Je pense à sa maman qui va stresser à mort en attendant les résultats.

Voilà, mon ange, je vais finir les valises et donner un petit coup de propre à la maison avant de partir pour cinq jours de rêve, dixit ceux qui sont allés à Venise. Et c'est Marie-Hélène et Georges qui s'y collent pour arroser le jardin de ton papa de coeur (ça pousse, ça pousse) et surveiller la maison.

Me voilà enfin, mon coeur.

La semaine dernière a été une semaine très chargée tant au niveau du boulot qu'au niveau des rendez-vous.

Je suis allée voir l'hypnotiseur qui m'a été recommandé par le généraliste ; il m'apprend à m'endormir avec des pensées positives en me rappelant d'agréables moments de ma vie et en laissant les désagréables de côté. Chaque soir, j'essaie donc de faire comme il m'a dit et je me rappelle le moment de la naissance de mes fils, les deux plus beaux cadeaux que la vie m'ait donnés. Depuis que j'ai rencontré cet hypnotiseur, j'ai passé une seule nuit devant la télévision parce que je n'arrivais pas à dormir : il y a du progrès. J'ai un nouveau rendez-vous en fin de mois.

Et puis, ce week-end prolongé de Pâques, ta tata Evelyne et ton tonton Didier sont venus le passer chez nous ; ton cousin Olivier et sa fiancée Elodie nous ont rejoints samedi après-midi pour aller manger l'agneau au Mas des Vertes Rives, notre ferme auberge préférée. Même ton cousin, qui est cuisinier et très critique lorsqu'il s'agit de la cuisine des autres, n'a rien trouvé à redire sur le copieux repas qui nous a été servi : un régal, a-t-il dit, en choeur avec tous ceux qui étaient là (ben oui, nous étions 19 à table).

Nous avons profité de ce séjour pour offrir à ta tante et ton oncle, un tableau de leur fille, ta cousine, qui est elle aussi partie pour ce monde où tu l'as rejointe un an après.

Et il faut que je te montre celui que j'ai fait faire de toi.

Quand nous sommes allés chercher ces tableaux, j'ai eu un coup au coeur ; c'est bien vous et c'est comme si vous étiez là.

Je viens de prendre des nouvelles de Lucas sur le blog de sa maman ; les choses s'arrangent pour lui et il est possible qu'il quitte l'hôpital en fin de semaine. C'est super pour ce petit bonhomme qui a subi tant de souffrances morales et physiques.

Je vais maintenant me lancer dans le repassage car tout doit être à jour pour la fin de semaine ; mardi, nous partons pour Venise. Il faut que j'explique ça à la diététicienne avec qui j'ai rendez-vous vendredi parce que je n'aurai pas d'autre choix que de manger au restaurant prévu dans le programme. On verra bien...

Je vais tenter d'avoir ton frère en ligne avant notre départ.

Oui, mon fils, c'est reparti pour une semaine de boulot ; encore celle-là et la prochaine à travailler, puis ce sera celle de congés pendant laquelle nous partirons en voyage organisé à Venise.

Je sais que j'ai arrêté les médicaments parce que, de nouveau, je ne suis pas bien dans ma peau devant ton absence ; j'ai passé la nuit les yeux grands ouverts avec la sensation qu'on était en plein jour ; je me suis levée vers 3h de peur de déranger, à force de remuer, ton papa de coeur qui dormait. Je me suis recouchée vers 6 h et n'ai trouvé le sommeil que vers 7 h ; je me suis relevée vers 10 h. Un peu courte la nuit.

Je compte beaucoup sur mon rendez vous de demain soir avec un hypnotiseur chez qui le généraliste m'envoie pour mon problème d'angoisses. Je me bats, je me bats et tu m'y aides avec tes petits signes, mon coeur. Il y a 2 ou 3 jours, j'avais un cafard à couper au couteau ; quand j'ai mis en route mon lave-vaisselle qui avait recommencé à clignoter sur 00:29 depuis un certain temps, c'est 00:33 qui s'est affiché. Merci, mon ange.

Heureusement que le week-end, il y a des moments en famille ou entre amis qui arrivent à me changer les idées. Hier midi, nous étions chez Bernadette et Elie pour manger le civet de lièvre. Un délice ! Et le dessert était fait maison. Je ne te dis que ça : un régal !

Je profite parce que le 13, j'ai rendez-vous chez la diététicienne qui va me cadrer dans un régime pour diabétiques. Bououououh...

D'ailleurs, le week-end prochain, ta tata Evelyne, ton tonton Didier, ton cousin Olivier et sa "fiancée" Elodie viennent avec nous manger l'agneau dans notre ferme auberge préférée. Dommage que ta tata Isabelle et ton tonton Hervé ne puissent pas se joindre à nous pour cause boulot. Mais bon, on aura d'autres occasions de sortie avec eux et, un jour ou l'autre, celle de leur faire connaître cette ferme auberge.

Je continue à suivre le combat du petit Lucas et j'ai été très heureuse de lire qu'il a enfin pu sortir de sa chambre stérile après son auto greffe de moëlle osseuse ; je suis sure que, comme toi, il va maintenant très vite reprendre le dessus et retrouver sa vie de petit garçon. Mais qu'est-ce que je voudrais pouvoir remonter le temps et revenir à cette période-là en sachant ce que je sais aujourd'hui. Je ne ferais pas les mêmes erreurs et je profiterais à fond de toi et de ton frère au lieu de bosser 6 jours sur 7 à raison de plus de 10 heures par jour et sans congés annuels, tout ça pour vous apporter un confort matériel auquel vous auriez préféré des activités en famille.

Malheureusement, on ne peut pas revenir en arrière et c'est pour cela que je conseille à la maman de Lucas et à ceux et celles qui me lisent de profiter à fond de chaque moment qui passe et d'apprécier chaque moment de bonheur. C'est certain que tout le monde se heurte à des problèmes mais si on arrive à les relativiser (pour cela, il suffit d'aller faire un petit stage dans un service oncologie), on se rend compte que la vie est belle si on n'a pas de maladie mortelle.

Ton papa de coeur a une nouvelle passion : le voisin qui n'habite toujours pas sa maison lui prête le petit bout de jardin ; vont donc pousser des tomates, des radis, des haricots verts et blancs, des petits pois, de l'aïl, des salades... Il va récolter tout ça cet été et on va se régaler en les mangeant. Je suis sure que tu aurais souri de cette nouvelle passion ; et ça me fait du bien de penser ça parce que, quand je le pense, je le revois dans ma tête, ton sourire.

Si tu savais, mais bien sûr tu le sais, ce qu'il me manque, ce sourire, comme tu me manques, comme tu nous manques...