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Le printemps est revenu, mon fils. Encore un printemps à vivre sans toi. Et puis, il y aura un été, un automne, un hiver... Encore combien d'années comme ça ? Toi, tu le sais, bien sûr.
En ce moment, j'ai souvent les tripes qui se nouent et des envies de hurler. Mais à quoi bon puisque je ne te reverrai jamais sur cette terre. Il faut avancer, avancer et me motiver en me disant que je te retrouverai au bout du chemin.
Samedi soir, on est allés à l'anniversaire de Valérie ; du monde et de l'ambiance. Ton papa de coeur a dansé quelques danses qui se dansent seul et moi, j'ai regardé puisque je ne pouvais pas le suivre (du mal à rester chaussée).
Nous sommes rentrés à la maison vers 1h30.
Le lendemain midi, nous sommes allés chez ta tatie et ton tonton de coeur qui avaient réuni les "chasseurs" pour manger le lièvre ; c'était délicieux. Et je ne te parle pas des glaces maison que Bernadette avait faites ! Vanille, chocolat et framboise. Le top ! L'estomac de ton papa de coeur s'en souvient encore. On est rentrés de là-bas vers 19h.
Hier, comme chaque jour de la semaine, j'ai téléphoné à ton tonton Didier dans son centre de traitement. Il a passé un petit week-end à son domicile et a réintégré le centre dimanche en début de soirée. Bonnes nouvelles : en 10 jours dans ce centre, il a grossi de 2 kgs 800 et sa saturation en oxygène s'améliore. Hier après-midi, il s'est assis sur un banc dans le parc pour profiter du soleil et du bon air. Aujourd'hui, il fait sa première balade dans la nature avec des personnes atteintes du même problème que lui et un "prof". Bref, on reprend espoir pour notre séjour en Dordogne début juin.
Aujourd'hui, J-11 pour revoir ma cop Kikie et son mari Henry ; J-14 pour notre sortie à Disneyland avec eux et ma cop Patinette et son mari Eric. Et à la clinique vétérinaire, ils vont galérer pour faire le ménage parce que ma remplaçante vient de s'inscrire aux abonnées absentes pour cette période-là. A moins de trouver quelqu'un d'autre mais bon... pas facile vu les horaires de travail.
Mon fils, tu me manques, tu me manques, tu me manques, tu me manques, tu me manques.....
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Nous sommes déjà jeudi alors qu'il me semble que l'on vient juste de commencer la semaine. Dans deux jours, nous aurons entamé le week-end qui va être plutôt remuant pour ton papa de coeur et moi. Samedi soir, nous sommes invités à une fête pour les 40 ans de Valérie, femme de notre neveu Christophe... tu sais ? le rugbyman ! Nous n'aurons pas d'heure pour nous coucher et nous sommes invités, le dimanche midi, chez ta tatie et ton tonton de coeur pour un repas chasse. Oups...
Remarque que je ne serai pas fatiguée d'avoir trop dansé parce que je doute de pouvoir le faire. Il y a 8/10 jours, je marchais en chaussettes dans la maison... enfin je marchais vite et j'ai malencontreusement shooté dans un montant de porte avec mon pied droit ; c'est mon petit orteil qui en subit encore les conséquences. Ce matin, mon patron vétérinaire a fait une radio de mon pied et apparemment, pas de casse. Alors, pourquoi est-ce que ça m'élance toujours et m'empêche de me chausser et de marcher correctement ? Mais bon, c'est gênant mais pas mortel...
Samedi dernier, on est arrivés chez ta tata Evelyne dans la soirée. On les a emmenées, sa maman et elle, manger un morceau à l'extérieur. Et puis, dimanche vers 10h, nous avons pris la direction du centre de traitement où ton tonton Didier en "bave" pour faire les exercices de gymnastique cardio respiratoires. Il a été très surpris de nous voir, ton papa de coeur et moi. A midi, on a mangé sur place avec lui et on lui a tenu compagnie jusqu'à environ 17h30. Nous sommes rentrés chez nous vers 21h45 et sans avoir pris la peine de me changer, je suis allée faire le ménage à la clinique vétérinaire. J'en suis sortie à 22h30 passées.
Moralement, ton tonton était bien ; on a bien parlé et blagué. Chaque jour, je lui téléphone pour l'occuper un moment et lui donner l'envie de persévérer. Je sais combien il est réconfortant, dans les moments difficiles, de savoir que l'on pense à nous et que l'on nous soutient.
Le voyage à Paris approche ; on sera en congés le vendredi 1er avril au soir (non, non, c'est pas un poisson, mon fils) et on prend la route dès le lendemain matin pour être à Chartres dans l'après-midi ; on y retrouvera avec joie Kikie et Henry. Le mardi suivant, nous serons avec eux à Disney Village, mais aussi avec Patinette et Eric. De bons moments en vue mais je suis sure que, comme d'habitude, tu seras avec nous.
Fin mars, ton frère aura son planning travail d'avril et je saurai alors si j'aurai le bonheur de passer un peu de temps avec lui pendant ma semaine sur Paris. Je croise fort les doigts et j'y crois très fort...
Chez nous, il a plu de samedi à hier ; comme ça semble se calmer, je fais tourner la machine à laver et je vais de ce pas (tordu à cause de mon petit orteil) aller étendre le linge.
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Encore 3 semaines de travail et nous partons découvrir Disneyland Paris mais aussi retrouver mes cops Kikie et Patinette, ainsi que leurs petits maris Henry et Eric ; de bons moments en vue, mon fils.
Jeudi après-midi, Marie Hélène, ton papa de coeur et moi sommes allés au cinéma voir le film
Et bien, ton papa de coeur a beaucoup aimé, lui qui s'endort s'il n'y a pas d'action, et est ressorti de là impressionné par le fait que ce film est basé sur des faits réels. Il y a matière à réflexion...
Peu de temps après notre arrivée à la maison, ta tatie de coeur est venue nous dire bonjour. Quand je l'ai raccompagnée à sa voiture, elle m'a raconté le rêve qu'elle a fait la nuit précédente : tu étais avec elle, encore tout jeune, et tu lui disais "tu te rends compte, je n'ai même pas les dessins que j'ai faits à l'école pour les montrer à mes copains de là-haut". Et elle te répondait "ne t'inquiète pas, je vais aller te les récupérer !" avant de se réveiller brutalement. Et moi qui suis partie ensuite pour le boulot, je n'étais pas bien du tout dans ma tête puisque je t'imagine heureux dans un monde merveilleux et pas en train de regretter la vie que tu as eue et aurais pu avoir sur cette terre. J'étais angoissée en rentrant à la maison. J'ouvre la porte et entends une musique qui vient de l'étage. Je monte et découvre sur l'écran de mon ordi une pub pour une sonnerie de téléphone mais avec quelle musique ??? "Danse" de Grégoire et justement ce passage-là :
Allez danse
Danse ta vie danse
Allez danse
Danse avec moi
C'était toi, mon fils, toi qui voulais me dire de ne pas me laisser abattre, de positiver, de continuer à "danser" ma vie avec toi, à te garder près de moi dans chaque moment de ma vie.
Alors que tu te battais contre ton deuxième cancer, tu avais dit à un tiers "si je dois partir, je me fais du souci pour ce qui arrivera à maman et à Gilbert". Et bien, tu continues à te soucier de nous en envoyant tes petits signes qui reboostent. Merci, mon fils.
Ce midi, je vais travailler et puis, quand ton papa de coeur rentrera de son boulot, nous nous préparerons pour prendre la route vers Lyon. Oui mais, chut............... c'est une surprise pour ton tonton Didier. Ce soir, nous allons chez lui rejoindre ta tata Evelyne que nous emmènerons dans la foulée au restaurant chinois pour lui changer les idées. Et demain matin, nous prendrons avec elle la route du centre de traitement où elle a réservé des plateaux pour que nous puissions manger avec ton tonton. On restera avec eux jusque dans la soirée et on reprendra la route directement vers Avignon puisqu'il me faut aller travailler à la clinique vétérinaire de garde ce week-end.
Là, tout de suite, je vais faire un peu de repassage... pour changer du ménage.
Et puis, pour finir en beauté, je la mets ici... cette chanson qui m'a requinquée :
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Me voilà, mon fils. J'ai bien tardé à venir te parler mais, si tu savais... tu le sais, j'ai mille choses à faire. Ne pense pas que je t'oublie, mon fils. Oh non, ça ne risque pas d'arriver et puis j'ai toujours tes petits rappels tels que celui-ci.
Hier soir, j'ai fait le ménage à la clinique vétérinaire ; quand j'ai eu fini, je suis montée dans la voiture dans laquelle ton papa de coeur m'attendait en écoutant la radio. Il était 20h04 et il m'a dit qu'une minute avant, donc 20h03, venait de se terminer la chanson Somewhere over the rainbow... TA chanson et TA minute.
Encore un hasard ? Wouaf, wouaf, wouaf. Je ne crois plus au hasard ; je sais que c'est toi.
Il y en a tant d'autres, des petits signes... Et moi, c'est ma force, ce qui m'aide à ne pas sombrer dans la folie, de savoir que tu es là, que tu continues à vivre près de nous. Je me pose parfois la question de savoir comment peuvent survivre les mamans qui ne croient pas au fait que leur enfant parti de ce monde continue malgré tout à les accompagner.
Une amie internaute, Hélène pour ne pas la nommer, m'a conseillé le livre qu'elle est en train de lire "Dehors il fait beau... hélas" écrit par Patrick Sébastien :
« J’ai décidé d’écrire pendant deux mois. Juillet, août. En diapos d’été. En instantané. À l’instant et à l’instinct, comme j’aime tant le faire. Sans préméditation. Et sans rature comme je te l’ai confié. Plaisir d’humeur.
Tu me connais bien, maintenant. Hors de question de me poser ou de me reposer. Je n’existe qu’actif. Que je joue, que je chante ou que j’écrive, je ne tolère le transat qu’en pause, en aucun cas en incrustation.
Si je m’arrête, je tombe. Mes chagrins, mes doutes et mes deuils m’ont fait toupie. Alors, je tourne… Bien obligé. »
Le 22 novembre 2008, Patrick Sébastien perdait sa mère, « Dédée », une femme exceptionnelle, à laquelle il a rendu hommage dans Tu m’appelles en arrivant. Dans ce nouveau témoignage qui vient du cœur, Patrick Sébastien continue son dialogue avec elle, qui l’accompagne jour après jour, présence constante et bienveillante. Il partage ses espoirs et ses coups de gueule, ses indignations et ses convictions.
Un livre émouvant, drôle, surprenant.Je l'ai commandé, ce livre, bien sûr.
Tu vois, mon fils, lui aussi, il court, il court... il bouge, il fait des projets... pour ne pas penser, pour ne pas s'écrouler... ça me rassure de savoir ça parce que, des fois, à croire ce que je crois, on pourrait me prendre pour une folle. De lui, on osera jamais penser ça.
Ton papa de coeur va arriver ; il faut qu'on se dépêche pour manger parce que mon copain Jean-Luc vient nous voir cet après-midi.
Et ce soir, c'est Monique et Monmon qui viennent manger à la maison : on leur montrera les photos de la croisière pendant l'apéritif. Au lieu de ce soir, j'irai travailler à la clinique vétérinaire demain de très bonne heure...pffff...
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Ce soir, vers 19 heures, ça fera deux ans et demi que tu es parti pour le monde dans lequel la souffrance n'existe pas. Et moi, je suis restée dans celui où la souffrance s'est amplifiée pour tous ceux qui te fréquentaient et qui t'aimaient. Cette souffrance, nous la traînerons tout le reste de cette vie au bout de laquelle nous te retrouverons.
Ton tonton Didier est rentré chez lui hier matin. La bouteille d'oxygène l'y attendait et il doit rester branché tout le temps jusqu'à son départ en centre de traitement de l'insuffisance respiratoire le jeudi 10 mars et ce, pour une durée de 3 semaines. On croise les doigts très fort pour que son état s'améliore là-bas afin qu'il se sente bien et qu'on puisse mettre en pratique les projets que nous avions faits.
Faire une croisière, par exemple. J'y crois, j'y crois à l'amélioration de son état et je vais commencer à en chercher une, tiens.
Ton papa de coeur vient de rentrer de la salle de sports ; on va aller faire quelques courses et, si on en a le temps, aller à la recherche d'un nouveau lave-vaisselle : ras le bol de celui que nous avons et qui crée des courts-circuits.
Je continue à recevoir tes petits signes, mon fils, et je t'en remercie.
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